La réflexion sur la mort est une réflexion sur la vie

La mise en place d’une théorie sur la mort naît du fait d’être conscients que notre vie finira. La conscience envers notre finitude nous pousse à nous interroger sur ce qui nous dépasse. Le but de cette réflexion consiste en le fait de retourner à travailler sur nous-mêmes et réfléchir à des moyens pour pouvoir vivre mieux. En philosophie, ceci se traduit par le fait de chercher à comprendre pourquoi il ne faut pas craindre la mort. Dans la religion chrétienne, ce mécanisme consiste en la mise en place d’une éthique qu’il faut adopter afin d’obtenir de Salut divin.

Spinoza, en dépassant la vision chrétienne et en posant l’accent à nouveau sur l’affirmation personnelle et l’utilisation de la raison avec une « R » majuscule, affirmera plus avant que :

« L’homme libre, c’est-à-dire celui qui vit selon le seul commandement de la Raison, n’est pas conduit par la crainte de la mort, mais désire le bien directement, c’est-à-dire qu’il désire agir, vivre, conserver son être selon le principe qu’il faut chercher l’utile qui nous est propre. Et par conséquent, il ne pense à rien moins qu’à la mort ; mais sa sagesse est une méditation de la vie. »

Spinoza, L’Éthique, quatrième partie, proposition LXVII1

Il faut donc garder à l’esprit que le fait de concevoir la mort comme quelque chose dont il ne faut pas parler est une attitude tout à fait contemporaine (du moins en Europe). De fait, « l’attitude ancienne où la mort est à la fois familière, proche et atténuée, indifférente, s’oppose trop à la nôtre où la mort fait peur au point que nous n’osons plus dire son nom »2. Dans l’antiquité, depuis l’apparition de la philosophie, le discours relatif à la mort a toujours permis de porter un regard sur la vie et sur la façon dont il faut vivre.

À suivre…

La vision de la mort avant la philosophie.

  1. Spinoza, L’Éthique, traduction de Roland Caillois, Paris, Gallimard, 1954, p. 331.
  2. Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident, Paris, Éditions du Seuil, 1975, p. 24.